C - Un
trésor
D
- Télégrammes
A
- Un petit texte
Je fus envoûtée peut-être,
il y a bien longtemps, par l’afrique et ses enchantements. En
tout cas séduite certainement, charmée évidemment.
Monde des contrastes avant tout, du plus et du moins, du tout ou rien
assurément. Il faut savoir se promener dans la nonchalance sombre,
attentif à ce silence de la brousse à cette sonorité
spéciale que prend la pauvreté qui traîne-misère
de villes en pistes, des villages aux capitales. Cœur en lambeaux
!
Car ce sentiment oppressant m’est sensible de plus en plus. L’Afrique
s’enfonce. Qui peut douter?
Qu’ai je à y faire ?
Et puis l’éclair d’un rire blanc, la chaleur d’une
toute petite main sur mon bras.
Et puis le sourire de Marième: “maman Catherine”…
Là-bas tourne le “clando”, brinquebalant sur la piste
défoncée. La portière qui s’ouvre dans le
tournant… Aîe…la voiture qui “ploufe ” dans
la mare…les boulons qui sautent dans les ornières; les
fous-rires qui nous emportent et les regards étonnés et
indulgents des chauffeurs. Oh ce sentiment qu’ils nous avouent:
nous sommes bien d’un autre monde. Hors d’atteinte. Rejetés?
Où, comment les joindre; comment construire cette passerelle
entre leur manque et notre superflu ?
Coeur déchiré , à coeur perdu
Que puis-je y faire ?
Et puis la plénitude apportée par cette naissance , sans
heurt, sans désolation car accompagnée.
Et puis le sourire d’Amina… “tu sais, ma fille, je
lui donnerai ton nom…”
Ces cases paillées, groupées autour du puits; ce manguier
arbre à palabres avec les hommes avachis au dessous; ces femmes
qui portent, reines noires, l’eau dans les jarres; Oui, c’est
bien le village de mon enfance, celui d’Agossou le petit ivoirien;
tu as raison, Roger, c’est bien le village de ton livre de géographie: nous sommes entrés dedans! nous sommes dans le vide, le manque,
le rien de matériel. A bien y regarder, à bien y écouter
que nous racontent elles ces villageoises ? la malnutrition et la faim;
le mariage arrangé à 13 ans, le premier bébé
non désiré à 14. La polygamie, la 10° grossesse
pour 3 enfants vivants. Le travail, la maladie. Le kwashiorkor du petit,
la rougeole de l’ainé, le viol marital et le silence: “amoul
problème”; “ça va bien”.
Coeur en compote, au fond des bottes
Qu’ en ai-je à faire ?
Et puis cette famille qui m’appelle :“toubab, occupe-t-en,
toi, elle va pas mourir ?”
Et puis le sourire de Binta; ce sourire à rire : “tu sais,
il prend le sein maintenant. Tu reviens quand?”
Ce pays est un sourire immense où l’on se perd…
Vous toutes qui êtes venues avec moi pendant toutes ces années;
Vous qui avez un peu partagé ma tendresse, ma folie pour ces
femmes, mes filles, mes sœurs sachez que je vous en remercie; en
leur nom car, confondant PPUN et moi, vous et encore moi elles me disent
leur reconnaissance. Pour quoi? pour qui? Pour simplement votre venue,
votre présence à leur côté, votre partage
de leurs conversations de leur douleur parfois.
A coeur donné…
Sentez bien ça: VOUS êtes formidables et héroïques
!
Merci de m’avoir accompagnée : aucune de vous ne leur fut
inutile; aucune de vous ne me fut désillusion: par vous et grâce
à vous j’ai avancé vers le haut. D’autres
aussi, qui me l’on dit !
Certaines m’ont donné leur amitié: elle est bien
partagée . Et pour les autres, si on s’aime moins, va,
on s’aime quand même!